0004:34 - durĂ©e : 00:04:34 - Un Ă©tĂ© avec Pascal - par : Antoine Compagnon - Il y avait en Pascal un jouteur et un joueur. Il aimait les masques, les doubles,Pour RaphaĂ«l Villien, professeur de philosophie au LycĂ©e Berthollet dâAnnecy, ce texte de Pascal se rĂ©vĂšle Ă la fois attirant et redoutable pour des Ă©lĂšves de terminale. Attirant parce que son argument est intelligible et repose sur des distinctions travaillĂ©es en cours contingent/nĂ©cessaire, essentiel/accidentel, avoir/ĂȘtre. Mais Ă©galement redoutable parce que toutes ces analyses sont subordonnĂ©es Ă un problĂšme compliquĂ© Quâest-ce que le moi ? et qu'il est difficile de comprendre la rĂ©ponse que le texte y apporte, ainsi que le sens prĂ©cis de lâargumentation qui tente dâĂ©lucider la nature du moi dans le contexte dâune relation Ă autrui. Quel rapport, prĂ©cisĂ©ment, entre la thĂšse sur lâamour et la nature du moi ? "Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ? Non car il ne pense pas Ă moi en particulier mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ? Non car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera quâil ne lâaimera plus. Et si on mâaime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, mâaime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ? car aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. Pascal, PensĂ©es, Lafuma 688 Introduction "Quâest-ce que le moi ?" Etrange question. Quand se pose-t-elle ? Peut-ĂȘtre dans les moments de doute sur soi ou sur quelquâun, lorsque les repĂšres et les certitudes vacillent Ă©checs, pertes, dĂ©figuration qui suis-je, vraiment, moi ? Lors dâune rupture, qui est-elle, vraiment, elle ? Ce sont des moments oĂč la dĂ©finition ordinaire de soi par ses qualitĂ©s sociales, physiques, intellectuelles ne suffit plus. De nombreux films construits autour de cette question Citizen Kane. Tel est prĂ©cisĂ©ment le problĂšme posĂ© par Pascal, qui lâinscrit dans le contexte de lâamour est-ce vraiment la personne elle-mĂȘme quâon aime, ou ses qualitĂ©s ? On pourrait rĂ©pondre que la personne est indissociable de ses qualitĂ©s, mais câest prĂ©cisĂ©ment la rĂ©ponse que refuse Pascal le moi ne se confond pas avec ses qualitĂ©s empruntĂ©es », si bien quâ on nâaime jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s ». La femme de Roman aimait-elle Roman ou ses qualitĂ©s apparentes ? Ne sommes-nous pas tous dans ce cas aimons-nous lâautre lui-mĂȘme ou ses qualitĂ©s ? Questions Ă poser au texte la distinction du moi et de ses qualitĂ©s va-t-elle de soi ? Pourquoi Pascal passe-t-il par la relation Ă autrui pour dĂ©finir le moi ? Si effectivement le moi ne se dĂ©finit pas par ces qualitĂ©s, quâest-il donc ? Premier moment du texte Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants si je passe par lĂ , puis-je dire quâil sâest mis lĂ pour me voir ?DĂ©but du texte une question classique, un objet problĂ©matique et une approche Ă©tonnante. La question est celle de la dĂ©finition quâest-ce que x ? Question socratique par excellence. TĂąche de la dĂ©finition distinguer les propriĂ©tĂ©s nĂ©cessaires, essentielles, des propriĂ©tĂ©s contingentes, accidentelles que la chose peut perdre sans se dĂ©truire. Lâobjet qui pose problĂšme le moi. Tout le texte va montrer quâon ne sait pas prĂ©cisĂ©ment ce quâil faut entendre par ce terme, quâon a du mal Ă distinguer le moi des qualitĂ©s dâemprunts, du mal Ă distinguer le nĂ©cessaire du contingent, lâessentiel de lâaccidentel. Analogie avec Saint Augustin et le temps Confessions XI Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais mais que je veuille l'expliquer Ă la demande, je ne le sais pas ! » ProblĂšme renforcĂ© par la forme substantivĂ©e du pronom moi » on passe dâun usage ordinaire Ă un usage plus philosophique. Difficile de comprendre prĂ©cisĂ©ment ce quâil faut entendre par le moi ». Face Ă ce genre de difficultĂ©s, un conseil ne pas faire comme si on comprenait, mais proposer des hypothĂšses de sens et les confronter au texte. Câest le plus difficile. Quâentend Pascal par le moi » ? le moi un individu empirique, un corps, une personne. Pourquoi ne pas dire une personne ? Le moi une substance pensante, un cogito ? Le moi sens moral de lâattachement Ă soi, de lâamour-propre ? cf Lafuma 597, le moi est haĂŻssable » Quelle rĂ©ponse permet dâapporter le texte ? PremiĂšre proposition Lâhomme Ă la fenĂȘtre voit un individu quelconque, un quidam, il ne me voit pas, moi et il ne voit pas un moi. Ici, Pascal sâappuie sur le langage ordinaire qui fait une diffĂ©rence entre voir quelquâun » et me voir » pour commencer son travail de dĂ©finition philosophique. La diffĂ©rence porte sur la façon de poser un objet le moi ici semble devoir ĂȘtre lâobjet dâune intention particuliĂšre, dâune visĂ©e. Lâindividu doit ĂȘtre visĂ© dans son identitĂ© singuliĂšre, propre. Cf. la diffĂ©rence gĂ©nĂ©ral/particulier/singulier gĂ©nĂ©ral des hommes, la classe des hommes particulier un homme comme exemple, Ă©chantillon de la classe singulier cet homme, en tant quâil se distingue des autres. On voit des hommes en gĂ©nĂ©ral des passants, cf Brassens, Le pornographe, Ă©ventuellement notre regard sâarrĂȘte sur un homme en particulier une passante, Baudelaire, mais on ne perçoit jamais lâindividu dans sa singularitĂ©, son identitĂ© propre, dans son unicitĂ©. Conclusion le moi nâest donc pas simplement un homme quelconque mais approche Ă©tonnante, le moi est apprĂ©hendĂ© dans le cadre dâune relation Ă autrui DâoĂč lâimportance de lâamour, comme visĂ©e intentionnelle de la personne. La question quâest-ce que le moi » ? sera traitĂ©e par cette question mâaime-t-on, moi ? » Et tout le problĂšme du texte sera de savoir si lâon peut rĂ©ellement viser le moi et le trouver. DeuxiĂšme moment du texte De "Mais celui qui aime quelquâun Ă cause de sa beautĂ©, lâaime-t-il ?" Ă "OĂč est donc ce moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? et comment aimer le corps ou lâĂąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisquâelles sont pĂ©rissables ?" Argument principal, dont le fonctionnement est clair, qui procĂšde en trois temps avant de conclure il faut dĂ©crire le mieux possible le fonctionnement de lâargument, non pas sa rhĂ©torique, mais sa logique. Il sâagit de montrer que des propriĂ©tĂ©s, des qualitĂ©s qui semblent appartenir Ă la personne et la dĂ©finir dans sa singularitĂ© ne la dĂ©finissent pas, ne sont ni essentielles, ni nĂ©cessaires. Elles peuvent mâĂȘtre ĂŽtĂ©es sans que je cesse dâĂȘtre moi. la beautĂ© cf la vieillesse, la dĂ©figuration Merteuil Ă la fin des Liaisons dangereuses , dĂ©figurĂ©e par la vĂ©role. Malheur des personnes qui se dĂ©finissent par leur beautĂ© elles vont continuer Ă ĂȘtre alors que leur beautĂ© ne sera plus. Pascal semble ici sâinscrire dans une tradition qui dĂ©nonce la confusion du paraĂźtre et de lâĂȘtre, des apparences et de lâessence. Quoiquâil faudra nuancer ceci cf la derniĂšre conclusion du texte, Ă©tonnante, paradoxale, qui rĂ©habilitĂ© les qualitĂ©s dâemprunt Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. » Surtout ne pas sâarrĂȘter lĂ Pascal dirait quâil ne faut pas aimer une personne simplement pour sa beautĂ©, son apparence, mais pour ses qualitĂ©s intĂ©rieures. Non, les qualitĂ©s intĂ©rieures sont passibles du mĂȘme traitement. le jugement, la mĂ©moire, les qualitĂ©s intellectuelles peuvent disparaĂźtre sans que la personne cesse dâĂȘtre. Cf la vieillesse, les changements de personnalitĂ©s Ă cause des accidents de la vie. Pas de diffĂ©rences de statut entre les qualitĂ©s intĂ©rieures et extĂ©rieures toutes pĂ©rissables, sĂ©parables de moi. On progresse vers une hypothĂšse limite ce qui dĂ©finit le moi, la personne dans sa singularitĂ©, ne rĂ©siderait pas dans sa personnalitĂ© ! Si une personne nâest pas singularisĂ©e par sa personnalitĂ©, par quoi alors ? Discussion du cĆur de lâargument Est-il si vrai que les qualitĂ©s personnelles ne dĂ©finissent pas le moi ? Nây a-t-il pas des qualitĂ©s inaliĂ©nables au moi, certains traits physique ou de caractĂšre ? Pour Pascal, sans doute une illusion de croire en des traits permanents, ou alors au mieux peut-ĂȘtre permanent par accident de fait tel trait de lâindividu ne change pas mais pas de façon essentielle il aurait pu changer sans que lâindividu soit dĂ©truit. Ou alors des qualitĂ©s liĂ©es Ă lâorigine ĂȘtre le fils de » ? Mais mon origine me dĂ©finit-elle comme moi ? Conclusion intermĂ©diaire Raisonnement aporĂ©tique on essaie de dĂ©finir le moi question simple et classique et finalement, on se rend compte quâon ne trouve plus ce quâon voulait dĂ©finir, que le moi est introuvable, non localisable, inassignable. DâoĂč la question de la localisation OĂč est donc le moi, sâil nâest ni dans le corps, ni dans lâĂąme ? » Question de la localisation assez Ă©trange, comme si le moi Ă©tait une chose, une partie de moi. OĂč est le cĆur ? » a une rĂ©ponse, mais oĂč est le moi ? », nâest-ce pas faire une erreur dans la conception du moi ? Confondre le moi avec une chose Ă©tendue. Pascal ne peut ignorer Descartes cf Discours de la mĂ©thode "J_e connus par lĂ que jâĂ©tais une substance dont toute lâessence ou la nature nâest que de penser, et qui pour ĂȘtre nâa besoin dâaucun lieu ni ne dĂ©pend dâaucune chose matĂ©rielle en sorte que ce moi, câest-Ă -dire lâĂąme, par laquelle je suis ce que je suis, est entiĂšrement distincte du corps"_ Dernier moment du texte et du raisonnement de Pascal La critique du moi cartĂ©sien "C_ar aimerait-on la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s_." Ayant montrĂ© que ni les qualitĂ©s physiques, ni les qualitĂ©s spirituelles permettent de dĂ©finir le moi, Pascal fait lâhypothĂšse dâun moi sans qualitĂ©, en Ă©voquant lâamour pour "la substance de lâĂąme dâune personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent." Vocabulaire de la substance Ă©voque Descartes le cogito, une substance pensante, une res cogitans. Tant mieux si les Ă©lĂšves le repĂšrent. Mais on peut expliquer lâargument sans connaĂźtre Descartes. Il sâagit de considĂ©rer un moi abstraction faite de ses qualitĂ©s. La distinction abstrait/concret est travaillĂ©e durant lâannĂ©e. La chose concrĂšte, ici, câest la chose telle quâelle se prĂ©sente Ă moi dans lâexpĂ©rience, pourvue de toutes ses qualitĂ©s un homme, une barbe, un chapeauâŠ. Abstraire opĂ©ration intellectuelle qui consiste Ă ne pas tenir compte, Ă faire abstraction, des propriĂ©tĂ©s contingentes. Ce qui reste alors du moi une entitĂ© abstraite sans qualitĂ©. Toujours cette idĂ©e quâaucune qualitĂ© ne me dĂ©finit en propre. Câest le cas du cogito cartĂ©sien tout le monde est un cogito, câest un moi qui est celui de tout le monde, bref, câest un moi, une subjectivitĂ© pure, qui nâest pas moi, une identitĂ© singuliĂšre. ConsĂ©quence une telle entitĂ© pose des problĂšmes, elle trop abstraite pour ĂȘtre digne dâamour, trop indiffĂ©renciĂ©e pour ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©e aux autres. Personne nâaime un cogito, tout le monde aime une personne particuliĂšre. Le concept philosophique, cartĂ©sien, du moi est trop Ă©loignĂ© de lâusage ordinaire du moi. Conclusion n°1 On nâaime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. ConsĂ©quence de lâargumentation nâest pas quâil faut aimer le moi rĂ©el, et non ses qualitĂ©s apparentes, mais au contraire quâon ne peut aimer que les qualitĂ©s dâune personne, et non la personne elle-mĂȘme. Pensons aux personnes qui aiment des types de personnes », ou Ă la façon dont on justifie nos amours Duras il Ă©tait riche et doux ». Ce texte est donc aussi un texte sur le dĂ©sir et lâamour quâaime-t-on chez lâautre ? quâest-ce que lâautre aime en moi ? Lieu de confusion, dâobscuritĂ©, dâĂ©quivocitĂ©, de dĂ©ception. Pascal on nâaime pas une personne, on nâaime jamais personne. Contre Montaigne parce que câĂ©tait lui, parce que câĂ©tait moi ». Contre le mensonge romantique de coup de foudre entre deux personnes singuliĂšres, la vĂ©ritĂ© dĂ©senchantĂ©e de lâamour. Rapprochement possible avec le moi est haĂŻssable », la critique du moi chez Pascal au sens de lâamour propre. Le moi nâest pas aimable. Laf 597 Conclusion n°2 Autre conclusion, paradoxale. Quâon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. Pas de mĂ©pris du paraĂźtre, des qualitĂ©s empruntĂ©es sociales ou autres puisquâil nâen est pas dâune autre nature. DiffĂ©rence genre/espĂšce toutes les qualitĂ©s ne sont pas de la mĂȘme espĂšce physique, intellectuelle, sociale, mais elles sont toutes du mĂȘme genre dâemprunt. Pas dans la dĂ©fense de lâĂȘtre contre le paraĂźtre puisque lâĂȘtre, le moi, nâest pas aimable. Deux niveaux pas de mĂ©pris de lâĂ©tiquette sociale cf le discours sur la considĂ©ration des grands. pas de raison de tirer de lâamour-propre de son prestige social. Conclusion gĂ©nĂ©rale rappel de lâessentiel et rĂ©flexion finale Pascal distingue trĂšs nettement le moi de ses qualitĂ©s au point quâune question reste ouverte Ă la fin du texte quâest-ce que le moi ? RĂ©ponse essentiellement nĂ©gative Le moi nâest pas un individu quelconque. Je ne suis pas ma beautĂ©, mon intelligence, mes titres. ConsĂ©quence ce nâest pas moi quâon aime, mais mes qualitĂ©s. Alors, quâest-ce que le moi ? Trois hypothĂšses demeurent le moi nâexiste pas ou câest une idĂ©e confuse. le moi est une rĂ©alitĂ© subjective accessible uniquement Ă la premiĂšre personne, un cogito. Ce qui expliquerait lâĂ©chec de la dĂ©finition du moi dans le cadre dâune relation Ă autrui. Mais Ă ce moment, lâapproche du moi par proposĂ©e par Pascal est pour le moins Ă©trange et le troisiĂšme moment de lâargumentation devient difficilement comprĂ©hensible. Le moi est bien lâobjet dâune intention. Lâautre peut penser Ă moi. Mais lâerreur est dâen faire un objet dâamour, de prĂ©fĂ©rence, de qualitĂ©. Bref, le moi critiquĂ© serait celui de lâamour propre. La singularitĂ© du moi implique une individuation du moi une distinction matĂ©rielle et intentionnelle, mais non pas une qualitĂ© propre du moi, une distinction de valeur. Au contraire, cette valorisation du moi est le dĂ©but de la confusion. Pour Pascal, lâindividuation, lâindividualitĂ© est une limite, un obstacle Ă la raison et Ă la justice, et non pas une diffĂ©rence Ă valoriser. Individuation, expression de la misĂšre de lâhomme ! 2 minutes papillon de GĂ©raldine Mosna-SavoyeGĂ©raldine Mosna-Savoye s'entretient avec JĂ©rĂŽme LĂšbre, philosophe et professeur de philosophie en terminale, auteur de Les caractĂšres impossibles Bayard et d'entretiens avec Jean-Luc Nancy sur lâart Ă paraĂźtre aux Ă©ditions Bayard Ă©galement. Textes lus par Jean-Louis Jacopin Pascal, PensĂ©es Lafuma 688 PlĂ©iade 306, Gallimard, p. 1165 Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses 1782, 4Ăšme partie, Lettre CLXXV Lettre 175, Gallimard 201, p. 457-458 Extraits de films diffusĂ©s Nicole Garcia, Lâadversaire 2002 NoĂ©mie Lvovsky, Camille redouble 2012 Musiques diffusĂ©es Sung Woo cho, April snow Julio IglĂ©sias, Je nâai pas changĂ© FrĂ©hel, Tel quâil est
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journal article LECTURE D'UNE PENSĂE DE PASCAL QU'EST-CE QUE LE MOI? » Les Ătudes philosophiques No. 3, RECHERCHES JUILLET-SEPTEMBRE 1983, pp. 353-356 4 pages Published By Presses Universitaires de France Read and download Log in through your school or library Read Online Free relies on page scans, which are not currently available to screen readers. To access this article, please contact JSTOR User Support. We'll provide a PDF copy for your screen reader. With a personal account, you can read up to 100 articles each month for free. Get Started Already have an account? Log in Monthly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 10 article PDFs to save and keep $ Yearly Plan Access everything in the JPASS collection Read the full-text of every article Download up to 120 article PDFs to save and keep $199/year Purchase a PDF Purchase this article for $ USD. Purchase this issue for $ USD. Go to Table of Contents. How does it work? 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Publisher Information Founded in 1921, consolidated in the '30s by merging with three editors of philosophy Alcan, history Leroux and literature Rieder, Presses Universitaires de France today organize their publications around the following lines of force research and reference collections, journals, book collections, and essay collections. Rights & Usage This item is part of a JSTOR Collection. For terms and use, please refer to our Terms and Conditions Les Ătudes philosophiques © 1983 Presses Universitaires de France Request PermissionsBlaisePASCAL, PensĂ©es (posth. 1669), « Quâest-ce que le moi ? Câest ce que conteste Pascal, dans ce fragment des PensĂ©es (publiĂ©es seulement de façon posthume, en 1669) : le « moi » est pour les ĂȘtre humain sans consistance, il est facteur dâisolement puisque son identitĂ© Ă©chappe Ă autrui. ProcĂ©dant par rĂ©gression, Pascal Ă©tablit en effet que si je ne suis pas les Pascal, Quâest-ce que le moi ? » Exemple dâune premiĂšre et dâune deuxiĂšme partie dâexplication de texte. Quâest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants ; si je passe par lĂ , puis-je dire qu'il s'est mis lĂ pour me voir ? Non ; car il ne pense pas Ă moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un Ă cause de sa beautĂ©, l'aime-t-il ? Non car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mĂ©moire, m'aime-t-on ? moi ? Non, car je puis perdre ces qualitĂ©s sans me perdre moi-mĂȘme. OĂč est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'Ăąme ? et comment aimer le corps ou l'Ăąme, sinon pour ces qualitĂ©s, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont pĂ©rissables ? car aimerait-on la substance de l'Ăąme d'une personne, abstraitement, et quelques qualitĂ©s qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es. I â PrĂ©sentation du texte et de ses difficultĂ©s Blaise Pascal - PensĂ©es 688 - Ădition Lafuma, 323 - Ădition Brunschvicg Ce texte de Pascal est introduit par une question simple Quâest-ce que le moi ? », question qui prĂ©cĂšde deux paragraphes dans lesquels on peut distinguer deux parties et une conclusion. La premiĂšre partie est composĂ©e dâune sĂ©rie de trois questions-rĂ©ponses, qui semblent vouloir sĂ©parer lâidĂ©e du moi de ce qui nâest pas elle, câest-Ă -dire lâensemble des qualitĂ©s, mĂȘme des qualitĂ©s morales ». La deuxiĂšme partie est elle aussi constituĂ©e dâune sĂ©rie de questions lâauteur semble indiquer que le moi est inconnaissable, inaccessible OĂč est donc ce moi⊠? », et que lâillusion quâil soit possible dâaimer quelquâun pour son moi » doive cĂ©der la place Ă ce constat un peu amer On nâaime jamais personne, mais seulement des qualitĂ©s ». La conclusion, paradoxale, est en forme de morale ne mĂ©prisons pas ceux qui courent aprĂšs les honneurs, car sâil y a quelque chose de non superficiel, il est probablement inaccessible, et nous ne nous attachons jamais Ă la substance de lâĂąme », mais uniquement Ă des qualitĂ©s empruntĂ©es ». On peut remarquer que cette structure linĂ©aire se double dâune structure thĂ©matique Ă la question de la nature du moi se superpose la question quâaime-t-on quand on aime ? La premiĂšre semble ne recevoir aucune rĂ©ponse satisfaisante ce qui est sans doute un type de rĂ©ponse ; la seconde aboutit Ă la conclusion pessimiste en apparence on nâaime jamais personne⊠», et justifie la conclusion Quâon ne se moque donc plus⊠car on nâaime personne que pour des qualitĂ©s empruntĂ©es ». Ces deux questionnements sont Ă©videmment ici solidaires. Le lien entre les deux questions est donc sans doute un des enjeux dâune interprĂ©tation de ce texte. Si nous rentrons dans le dĂ©tail de ce texte, un certain nombre de difficultĂ©s se surajoute Ă lâaspect dĂ©jĂ obscur du passage. Commentaire [E1] PrĂ©sentation linĂ©aire globale » Commentaire [E2] PrĂ©sentation thĂ©matique mais qui annonce aussi, pour finir, un plan possible, ou une piste de travail.
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renceet a son apparition; et ce qu'il fait comme sujet est tout a fait inessentiel: il passe. Nous devinons que le moi n'est connu ni du moi ni d'autrui. Le caractere rompu, saccade, de la premiere phrase suggere cette brisure entre le moi et lui-meme, et le moi et autrui; ce qui est enonce en premier lieu, c'est
RĂ©sumĂ© du document Penseur considĂ©rable du XVIIĂšme siĂšcle, Blaise Pascal est sans aucun doute l'un des plus grands gĂ©nies de l'histoire humaine. Qu'il s'agisse de Physique, MathĂ©matiques, LittĂ©rature ou Philosophie, il a contribuĂ© aussi bien au domaine de la connaissance scientifique qu'Ă l'analyse de la condition humaine, si bien qu'il laisse derriĂšre lui des Ă©tudes et des inventions nĂ©cessaires Ă la recherche scientifique ainsi que Les Provinciales, - prise de parti contre les JĂ©suites au nom du JansĂ©nisme - qui constituent par la puretĂ© de la langue, la logique rigoureuse et l'Ă©loquence passionnĂ©e, le premier monument de la littĂ©rature classique. PubliĂ©es en 1670 par les jansĂ©nistes, les PensĂ©es sont le tableau de son entreprise, des notes destinĂ©es Ă former un ouvrage que Pascal ne put mener Ă terme, une apologie chrĂ©tienne qu'il destinait aux libertins et en laquelle il dĂ©montre la nĂ©cessitĂ© de croire en Dieu. Pascal mĂšne une analyse de la condition humaine, incapable d'atteindre la vĂ©ritĂ© ni le bonheur Ă cause de la faiblesse de la raison et de la force de l'imagination, "maĂźtresse d'erreur et de faussetĂ©" et cependant dotĂ© d'une certaine grandeur par la supĂ©rioritĂ© de la pensĂ©e. Son oeuvre se construit selon deux parties MisĂšre de l'homme sans Dieu et FĂ©licitĂ© de l'homme avec Dieu, dans lesquelles il rĂ©sout l'opposition entre misĂšre et grandeur par le christianisme, par la foi en Dieu "sensible au coeur, non Ă la raison". Le lyrisme de l'expression, son style admirable de puretĂ© et de force et la singularitĂ© d'un dialogue qui engage son lecteur, expliquent que l'influence de Pascal se soit exercĂ©e jusqu'Ă notre Ă©poque. Dans une liasse consacrĂ©e Ă La justice et la raison des effets le fragment 323-688 introduit la question du "moi" par une question oratoire qui invite davantage Ă Ă©tonner son lecteur qu'Ă lui indiquer une rĂ©ponse prĂ©supposĂ©e dans la question, "Qu'est-ce que le moi ?". L'interrogation surprend en effet, en ce qu'elle dĂ©passe la simple dĂ©finition du "moi" comme pronom personnel. Il semblerait d'ailleurs qu'on puisse faire un rapprochement avec l'injonction de Socrate "Connais-toi toi-mĂȘme" de laquelle Pascal semble montrer l'impossibilitĂ© et surtout une interrogation qui sans doute la prĂ©cĂšde et qui de plus tĂ©moigne de l'ignorance de la condition humaine quant Ă connaĂźtre une de ses parties qui semble la concerner singuliĂšrement. En effet, avant que Nietzsche ait dĂ©noncĂ© la "fiction grammaticale" qui incite tout un chacun Ă dire "moi" et Ă se munir de ce pronom pour auteur de ses pensĂ©es et de ses actes, Montaigne et Pascal s'Ă©taient dĂ©jĂ interrogĂ©s sur la validitĂ© d'une telle hypostase. Montaigne disait que le problĂšme se situait au niveau du langage "La question est de parole et se paie de mĂȘme. Une pierre c'est un corps mais qui presserait ... Sommaire IntroductionI Qu'est-ce que le moi rapport Ă autruiII Le "moi" dans son rapport intrinsĂšqueIII Le moi sujet-objet et solitude de l'ĂȘtreConclusion Extraits [...] De fait c'est dire que la relation proprement dite n'existe pas. Pascal va plus loin, ce qu'on croit tenir pour relation Ă autrui est une pure illusion, on croit aimer une personne pour ce qu'elle est mais il n'en est rien puisqu'Ă la vĂ©ritĂ© on l'aime pour des qualitĂ©s donnĂ©es dans un temps, qualitĂ©s qui pourraient cependant disparaĂźtre sans tuer la personne faire qu'on aime plus cette personne et laisser le goĂ»t amer d'avoir jadis aimer quelqu'un d'autre qui n'est plus alors qu'il s'agit bel et bien d'une mĂȘme personne. [...] [...] Est-ce lĂ dire qu'il m'a vu moi ? Et pourtant j'Ă©tais bien lĂ . Le moi semble alors entravĂ© par des dĂ©guisements sociaux ou par de simples apparences, autrement dit, le moi selon la doxa, c'est que je suis tel qu'on me perçoit ou tel qu'on croit me percevoir empiriquement et c'est Ă l'encontre de cette idĂ©e que Pascal intervient soit le moi ne traduit pas les qualitĂ©s pĂ©rissables qu'on m'assigne mais ce qu'il reste en deçà des masques et du rĂŽle que je me veux jouer socialement. [...] [...] Soit, l'imagination travestit ce que le moi est en ce qu'il suppose. Nous venons d'Ă©tudier l'interrogation de Pascal Qu'est-ce que le moi Ă travers le rapport Ă autrui, nous allons maintenant aborder la question du sentiment du moi de l'identitĂ© et de l'amour propre, soit le moi dans son rapport Ă lui-mĂȘme. Pascal a travers son interrogation, tĂ©moigne bien d'un sentiment du moi d'oĂč l'intĂ©rĂȘt d'ailleurs de se poser la question. Le moi comme le suggĂšre le texte semble Ă la fois prĂ©sent et appartenu me voir on m'aime moi-mĂȘme c'est bien qu'il est indissociable du sujet qui a donc un sentiment du moi Or Ă la fois prĂ©sent dans chaque proposition oĂč le sujet s'affirme, il semble lui Ă©chapper. [...] [...] Aussi, Pascal, considĂšre le moi comme impĂ©rissable, Ă l'inverse des qualitĂ©s qui sont pĂ©rissables. Or la question ne manque pas de surgir en quoi le moi doit-il ĂȘtre impĂ©rissable puisque je suis mort-nĂ© ou du moins en tant que je suis un ĂȘtre pour mourir ? Si je me considĂšre comme Ă©tant en vie, cela suppose que je suis dans un Ă©tat et que cet Ă©tat est changeant ; je suis temporel et cela ne peut que remettre en question l'intemporalitĂ© du moi. [...] [...] Cependant, il est nĂ©cessaire d'en distinguer le moi comme impĂ©rissable, celui de la conscience, soit j'aurai toujours conscience que je suis. Soit les qualitĂ©s ne sont point moi mais miennes, si bien que je ne peux que les partager et non partager ce que je suis. [...]
jOMMR.